Le Grand Partage : rappelons nous cet hiver 54 particulièrement rigoureux, au cours duquel des centaines de sans abri auraient pu voir leur destin s’arrêter tragiquement. La colère et l’action de l’Abbé Pierre avaient permis d’éviter le pire en suscitant un large mouvement de solidarité pour compenser le manque de logements et le dénuement de nombreuses familles. Le Grand Partage avant l’heure !
Alexandra Leclère, la réalisatrice du Grand Partage, s’inspire quelque peu de cet évènement devenu aujourd’hui historique comme point de départ du scénario de son film.
Le Grand Partage : le pitch
Nous sommes en 2015 et nous vivons un hiver particulièrement dur. Le gouvernement publie un décret obligeant les français bien logés à accueillir chez eux un démuni sans abri, sans discrimination de nationalité, d’origine, de religion, de couleur.
L’intrigue se déroule dans un immeuble bourgeois du 6ème arrondissement, cible de ce décret. En effet, il n’est pas rare de voir dans ce type d’ immeuble des appartements de 200 à 300 m2 occupés par 1 à 2 personnes seulement.
Surprise, en prime le Grand Partage nous offre une photographie de la France d’aujourd’hui du moins les scénaristes se plaisent-ils à nous la dépeindre de la sorte.
Rares sont les français qui se précipitent à leur Mairie, avec le sourire, pour se faire attribuer un sans abri. Chacun cherche les solutions pour occuper toute la surface de son appartement et justifier auprès des autorités qu’ils n’ont plus un mètre carré de disponible. Ainsi, on sort la grand mère de la maison de retraite, on héberge la femme de ménage….. Bref, tout sauf contribuer à un élan de solidarité. 60 ans après l’Abbé Pierre, tout reste à reconstruire !
Le Grand Partage : la distribution
Une famille bourgeoise les Dubreuil : Christine et Pierre incarnés par Karine Viard et Laurent Bourdon, flirtant avec le ridicule.
Une Famille Bobo (de gauche mais faut il vraiment le préciser !), les Bretzel : Béatrice et Grégory dont Valérie Bonneton et Michel Vuillermoz endossent la panoplie (tant ils sont caricaturaux). Valérie Bonneton dont j’ai apprécié les prestations pendant les premières saisons de la série Fais pas ci, Fais pas ça, me déçoit de plus en plus. Il semble qu’elle ne sache plus interpréter qu’un seul rôle, celui de la femme qui éructe à longueur de film. De grâce Valérie, reprends toi …..
Une gardienne nostalgique de Pétain (Maréchal nous voilà !) et fan de Jean Marie Le Pen (regardez bien le chat !) : une composition pour Josiane Balasko (plutôt Bobo dans le civil) qu’elle réussit parfaitement et pendant la projection du Grand Partage mes seuls éclats de rire lui reviennent.
Un original excentrique et homosexuel (il en fallait bien un) dont Patrick Chesnais assume la solitude. Patrick Chesnais, sensible dans ce rôle, apporte à cette comédie cette touche d’humanité dont elle est par ailleurs dépourvue.
Le Grand Partage : L’avis d’Annie *****
La bande annonce m’avait séduite. Je voyais là une comédie bien enlevée sur un thème sensible il est vrai, mais portée par une brochette d’acteurs dont le talent contribuerait certainement à éviter les écueils du bien pensant.
Il n’en fut rien. La réalisatrice-co-scénariste ne choisit pas entre la comédie et la satyre sociale.
Côté comédie, le Grand Partage est dans la caricature mais pourquoi pas ! Ces bourgeois sont ignorants des problèmes sociaux, imbus de leur réussite. Les Bobos, donneurs de leçons, doivent faire face à leurs contradictions ; être de toutes les manifs dont celle pour le logement des sans abris, mais pas question d’en héberger un chez eux…..Quant à la gardienne, elle nous ramène aux heures noires de l’occupation et des dénonciations et l’excentrique porte déjà sa croix en vivant seul, un peu rejeté. Serait ce parce qu’il est excentrique ou homo ou devient on excentrique quand on est homo ?
Côté satyre sociale, le choix de la caricature lui enlève une grande part de crédibilité. Et pourtant, il y avait matière. Car au fil de la projection, je me suis posée la question ; que ferais-je si une telle loi était aujourd’hui promulguée ? Accepterais je aisément de recevoir un sans abri ? Pourrais je faire cohabiter mes idées et mes actes ? Par les réseaux sociaux, nous nous exprimons rapidement sur tous les sujets. Nous prenons la défense des opprimés, des démunis, des sans logements, des immigrés, des réfugiés. Un petit tweet, un post, et nous voilà en harmonie avec notre conscience. Mais qu’avons nous réaliser en définitive ? Pas grand chose, beaucoup de gesticulation, beaucoup d’emphase mais zéro action……
Pour toutes ces raisons, 2 étoiles seront suffisantes pour classer ce long métrage.
Sortie le 23 décembre 2015 : 1 H 42 mn
Genre : comédie ou pseudo satyre sociale
Réalisatrice : Alexandra Leclère
Distribution : Karin Viard, Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Michel Vuillermoz, Josiane Balasko, Patrick Chesnais
Comédie plutôt acide avec une vision assez juste de notre société.
Josiane Balasko “extra”.
Acide est très certainement la bonne définition.