Les Césars remis à Roman Polansky relance le débat sur les crimes sexuels et autres commis par des personnes riches, célèbres, talentueuses ou non, protégées par des hautes autorités.
Il est des faits d’actualité qui constituent de très beaux sujets de philo. Aujourd’hui, il en est un qui m’obsède. Suis-je naïve ou dépassée par l’évolution des mœurs, mais je n’arrive pas à l’extraire de ma réflexion. Aussi, je fais appel à vous et vous le soumets :
« Un crime est il moins grave parce que commis il y a quelques dizaines d’années et resté impuni ? Un crime est il moins condamnable car commis par une personnalité par ailleurs brillante, talentueuse, et célèbre ? »
Depuis quelques semaines, nous vivons un tourbillon médiatique au cœur duquel ces questions se posent journellement ? Illustrons les de quelques exemples :
Dans le monde politique
Les condamnations des époux Balkany sont incomprises par certains, aux motifs que les crimes concernés se sont déroulés il y a si longtemps, que ces édiles de la politique ont été réélus régulièrement (vox populi), qu’ils n’ont pas de sang sur les mains, qu’ils n’ont volé personnes (seulement le fisc, l’Etat Français cependant, c’est à dire nous) et que désormais ils sont si âgés et si malades… A force d’appels et autres procédures, les années se sont écoulées avant qu’enfin la sanction ne tombe. Ils eurent été plus jeunes pour exécuter leur peine s’ils n’avaient pas fait autant de recours pour échapper au châtiment.
Maurice Papon poursuivi en 1981 pour complicité de crime contre l’humanité pour son rôle dans la déportation des juifs de bordeaux, échappera à la justice jusqu’en 1997 à coups de procédures. Il est condamné à 10 ans de réclusion. Il n’en fera que 6 ans et sera libéré pour raison médicale. Il mourra 4 ans plus tard à 96 ans. Ses victimes auront attendu plus de 50 ans pour que le crime soit reconnu. Pour des raisons humanitaires, cet homme qui toute sa vie a bafoué ces valeurs mourra entouré des siens. Dans les camps, les déportés mourraient seuls, dans la souffrance et le dénuement.
Dans le monde de la littérature
Gabriel Matzneff inculpé au titre d’actes de pédocriminalité reconnus et revendiqués par lui dans de nombreux écrits publiés ne comprend pas l’acharnement de la justice après tant d’années. Ses quelques soutiens, un peu moins nombreux ces dernières semaines, parlent d’un autre temps que les moins de vingt ans ne peuvent avoir connu, qui tolérait, acceptait voire même admirait cette franchise dans le crime. Il était en quelque sorte le porte drapeau de l’amour libre. Il faisait ce que peut être beaucoup d’hommes murs auraient aimé faire et à ce titre ils le comprenaient, le protégeaient. On en faisait la coqueluche des salons parisiens, des shows littéraires télévisés. On lui trouvait même du talent.
Une seule voix, dénuée de toute ambiguïté s’est élevée pour condamner. Merci Madame Bombardier, une femme, une seule femme et pas un homme pour la soutenir mais nombreux pour la condamner ! Honte à vous Messieurs les biens pensants. Aujourd’hui, les mêmes ou leurs “héritiers” condamnent Florence Foresti pour s’être attaqué au mythe Polanski, d’avoir dit tout haut qu’ils sodomisait une petite fille de 13 ans. Quelle vulgarité de dire de telles choses dans une soirée aussi consensuelle que celle des Césars !!! Dans 20 ans, ces “biens pensants” diront qu’ils ne savaient pas….
En 2020, Gabriel Matzneff est âgé, plutôt miséreux, peu lu. Ses soutiens se délitent, ne se rappellent plus très bien, ne savaient pas, pensaient que… sinon jamais ils ne l’auraient fréquenté. Hypocrisie d’un petit monde que l’ombre de la justice en marche terrorise.
Doit il être poursuivi, condamné, emprisonné ? Certainement, mais ceux qui le savaient sont ils innocents de ce crime ?Hachette vient de renoncer à la publication en France des mémoires de Woody Allen sur pression du personnel de sa filiale New-Yorkaise et de Ronan Farrow fils adoptif de Woody Allen, frère de Dylan Farrow qu’il soutient dans son combat pour l’inculpation de son père au titre d’abus sexuels alors qu’elle était âgée de 7 ans.
Ronan Farrow, lauréat du Prix Pullitzer 2018, journaliste au New Yorker a publié son propre livre Catch and Kill (Les faire taire en France) sur les dessous de l’affaire Weinstein publié chez Hachette. Il a largement contribué à faire tomber le prédateur. Hachette avait omis de l’informer qu’elle publierait également le livre souvenirs de Woody Allen.
Dans le monde du Cinéma
Ils sont nombreux les prédateurs ; des producteurs, en passant par les acteurs et les cinéastes.
Jeffrey Epstein s’est suicidé avant son procès, Harvey Weinstein est condamné, Kevin Spacey (Franck Underwood d’House of card )est hors jeu, Roman Polansky fait toujours l’objet d’un mandat international. Je cite les noms les plus emblématiques mais la liste est bien plus longue.
L’Amérique n’est pas un parangon de vertu, Woody Allen et d’autres encore ne sont toujours pas inquiétés mais en ce temps présent ou rien ne passe au travers des mailles du filet médiatique, si tu es pris « la main dans le pot de confiture », tu devras rendre des comptes célèbres ou non, talentueux ou non, jeunes ou vieux, protégés ou non.
Roman Polanski a trouvé refuge en France. Il a payé nous dit on : non pas sa dette, mais sa victime pour qu’elle et ses parents enlèvent leur plainte. Son crime n’est pas effacé et le procureur poursuit. RP a drogué, violé et sodomisé une enfant de 13 ans. Les dollars peuvent ils tout permettre ? Au nom du talent doit on oublier l’horreur de l’acte ? Je n’ai jamais entendu ou lu Roman Polanski regretter ses actes. 11 autres plaintes pour viols ont été déposées auxquelles il a toujours apporté un déni méprisant. Pourtant dans une interview de JP Elkabach en 1979, il reconnaissait aimer les jeunes filles, car pour lui à 14 ans on est une jeune fille et se réjouissait que la France permette de telles relations !!!
Harvey Weinstein a été inculpé et condamné. Roman Polanski est honoré. Ses soutiens crient au lynchage. Où étaient-ils lorsqu’il sodomisait et violait ? Messieurs, Mesdames, et si c’était votre enfant, même après 40 ans, ne souhaiteriez vous pas la justice et la mise à l’écart de ce criminel. Pour certains il semble que non, et pour l’heure il est plus important de condamner Florence Foresti se moquant du criminel que de condamner le criminel. Roman Polanski a 84 ans, il rendra son dernier soupir dans son lit, entouré des siens…
N’y a t-il pas quelque chose qui ne fonctionne pas bien dans ce bon royaume de France : peut être la justice de classe ?
Crédits photos : Les Echos Start, Deadline, La Dépêche, Gala.fr, News.com.au, le Club Madiapart, La République des Pyrénées, France Culture.fr, France24, Journal Métro, le Monde.fr.
Bonjour Annie
Merci pour ce post « coup de gueule « car la société de tous temps a préféré Éloigner ces vérités qui les frôlent chaque jour et que personne ne veut entendre. TOUS sont complices de ne pas vouloir entendre la proximité réelle du danger pédophile et incestueux.
Je suis de ces enfants née en 63 , qui a été sexuellement utilisée au nom de la libération des mœurs à cette époque.
Il était alors bien vu de penser qu’un enfant avait le droit aux plaisirs sexuels et son contraire émanait d’un esprit bourgeois étriqué ! Ainsi, nombre de tordus dont Matzneff abusait en toute impunité.
Les orgies enfantines étaient habituelles jusqu’à mes 11 ans et ce, en partage depuis mes 3 ans. J’étais juste une poupée de chiffon mais j’entendais leur délire.
Moi je voudrais donc vous confirmer à tous :
Aucun enfant ne provoque ni apprécie. C’est pure invention dilatoire.
Le plaisir pris par un tout petit enfant ?
Euh déjà une Question de gabarit !!!!
De plus, ses hormones ne sont pas mûres pour éprouver le moindre plaisir sexuel …Nous n’avons que dégoût et douleur, torture et impuissance silencieuse.
Le seul plaisir c est l abuseur qui le prend … puis se drape d une écrasante et cruelle puissance pour laisser la victime agonisante certaine d être salie et coupable de naïveté !
La victime y survit tant bien que mal ou pas du tout.
Le coupable ne voit pas où est le souci et continue son délire addictif que plus rien n’arrête !
On pose des questions débiles aux enfants abusés et saucissonnés. Ces questions « logiques et normales « sont inadaptées à l enfant abusé :
“Dis voir, il est gentil avec toi ton papa ?”
“Oui” Dira l’enfant abusé!
Mais La consigne qu’il a reçu de son papa c’est justement que quand il nous viole c’est parce qu’il nous aime et qu’il est super gentil…
Si jamais on continue à lui poser une question, l’enfant va aussitôt réagir en protégeant l’autre parent puisque l’abuseur, lui aura dit : “si un jour tu parles ta maman que tu aimes vas mourir de chagrin par ta faute”
Donc reconnaissons que ce problème existe partout à travers le monde et à tous les niveaux de la société dans une proportion beaucoup moins exceptionnelle que l’on voudrait confortablement le croire. Je sais, cela fait peur mais on est tous vraiment concernés. Dans les pays occidentaux, on considère que 25 % des enfants ont été victimes. Dans la société Polynésienne les chiffres sont encore plus élevés.
Parfois les religions et la société donnent des interdits qui ne tiennent sur rien alors comprendre où se trouve le juste milieu ! J’ai étudié des situations comparables : la pédophile et l inceste n’existent pas sauf en captivité mais jamais à l’état naturel car la consanguinité directe ( parent enfant) est physiologiquement IMPOSSIBLE.
Des lors les théories martelées par les abuseurs pour se libérer le poireau …intellectuels écrivains producteurs acteurs est un instinct archaïque bestial que nos sociétés ont préféré occulter depuis des siècles : enfants sacrifiés, femmes violées = aguicheuses.
Nos prochaines générations doivent être conscientes des réalités cachées pour que cessent les viols d enfants, de femmes et d’ hommes : Pour que la libération sexuelle ne soit plus synonyme de maltraitance.
Merci pour cet émouvant témoignage criant de vérité. Devant un tel vécu et de tels ressentis, comment comprendre que l’intelligentsia française a si longtemps couvert ses crimes au nom de la liberté ?