CHARLIE HEBDO : Philippe Lançon

CHARLIE : CONFERENCE DE REDACTION

Philippe Lançon est journaliste à Libération et chroniqueur à Charlie Hebdo. Il était dans la salle de rédaction lorsque les frères Kouachi y ont pénétré et réalisé leur triste besogne.

Touché grièvement au visage, il a survécu et se définit aujourd’hui “comme un survivant qui vit en huis clos sur un mode répétitif les évènements”. Le 7 janvier est ancré définitivement en lui jusque dans sa chair. Ce trou au visage, il sera comblé par la chirurgie mais pour lui il restera à jamais le témoin des évènements même s’il devient invisible pour les autres.

Un évènement intime :

Philippe Lançon, dans sa chronique de mercredi dernier, me touche profondément. Nous avons quelques peu fait abstraction de la souffrance physique et morale des survivants et des familles, concentrés que nous étions sur la nécessité d’exprimer notre soutien et de défendre la liberté d’expression. Dans sa chronique de ce mercredi, il nous rappelle que le sang à coulé, qu’une femme et des hommes sont morts brutalement, sauvagement et qu’avant d’être des symboles, ce sont des êtres de chair et de sang, dotés d’une famille, d’amis, de rêves et d’espoirs. Je veux reprendre ses propres mots :

“Je n’ai pas vu leurs visages (celui des assassins) ce jour là, je n’ai même pas senti les balles qui me touchaient. Ils sont entrés chez mes amis, chez moi, sans y être invités, et ils ont tout cassé  en installant leur folie au coeur de nos discussions, de notre amitié, de nos rires”.

Sur son lit d’hôpital :

“Quand je fermais les yeux, je voyais battre sous mes paupières la cervelle d’un ami mort à moins d’un mètre de moi et dont je tairais le nom. J’évitais de fermer les yeux, donc de dormir”.

Le 7 janvier, c’est d’abord pour Philippe Lançon, et ça le reste, un évènement intime.

“J’étais immobilisé dedans, à l’atelier réparation, lové dans le noir cocon de l’instant fatal”.

Au delà d’un évènement de portée planétaire, c’est aussi et avant tout l’histoire d’hommes et de femmes touchés par la folie meurtrière de quelques individus. Leurs vies pour certains se sont arrêtées là, pour d’autres les survivants et les familles elles vont se poursuivre dans un profond traumatisme dont ils n’ont sans doute pas encore les clés pour en sortir. Souhaitons qu’elles existent.

 Crédit Photo : Alex – Courrier Picard

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