STRAUSS-KAHN – l’Homme Providentiel !

DSK

Strauss-Kahn ou le syndrome de l’Homme Providentiel

Le 29 janvier, dans un sondage réalisé sur un échantillon de 1009 personnes par Odoxa à la demande du Parisien-Aujourd’hui en France, Dominique Strauss-Kahn retrouve la faveur du public. En effet, à 44 % les français le définissent comme un expert économique contre 37 % comme un personnage de fait divers. Rappelons nous des sondages de 2011 après l’affaire du Sofitel. Dominique Strauss-Kahn revient de loin, de très loin.

A 76 %, ils considèrent qu’ils fut un bon ministre de l’Economie et à 81 % un bon directeur général du FMI.

Si 56 % (faible majorité) ne souhaitent pas son retour en politique, 8 français sur 10 considèrent qu’il aurait été un meilleur président que François Hollande.

Vite oubliés les soupçons de viol (il a obtenu un non lieu), les comportements sexistes, le scandale du Carlton et voilà qu’une partie de la France se pose la question de son retour.

Mais ne souffrons nous pas du syndrome de l’homme providentiel ?

Notre économie ne retrouvant pas son second souffle, nous avons besoin de croire qu’un homme quelque soit son passé peut prendre notre destin en main et nous conduire sur le chemin de la croissance enfin retrouvée, tel le prophète. Nous sommes prêts à lui reconnaître des pouvoirs miraculeux au moment même ou nous apprenons qu’il s’est fourvoyé dans une mauvaise histoire de fonds financiers avec un associé douteux pour son propre compte.

Et l’homme providentiel peut il encore jouer un rôle dans une économie mondialisée ?

L’impact de l’homme providentiel repose sur la foi que lui porte ses adeptes sur ses capacités à les mobiliser et à leur indiquer le chemin. Mais la difficulté aujourd’hui repose moins sur la mobilisation que sur la définition du chemin à emprunter. Pour ce qui me concerne, je ne crois pas un instant que Dominique Strauss-Kahn détienne les clés pour définir l’itinéraire et nous ouvrir les portes du Paradis enfin celui auquel nous aspirons : la reprise économique.

Mais admettons que je me trompe et posons nous les bonnes questions :

Strauss-Kahn est il un bon économiste et avons nous les clés pour le savoir ? 

Professeur d’économie, son passage au ministère des Finances de 1997 à 1999 fut bref (cause affaire de la MNEF, déjà). Ce que nous retenons de son passage, fut entre autre la mise en place des 35 heures, en partenariat avec Martine Aubry et n’oublions pas qu’il en fut surtout le concepteur dans l’écriture du programme économique du Parti Socialiste. Cependant, il prend certaines mesures pour relancer l’économie : baisse de la TVA dans le bâtiment, ouverture au capital de certaines entreprises publiques, privation complète de certaines.

Est il responsable pour cela de la crise en France ? Les 35 heures furent instaurées quant les taux de croissance positifs étaient présents et la crise de 2008 trouvent ses origines à l’extérieur de nos frontières, plus précisément aux Etats Unis. Mais dans une situation économique difficile, elles n’ont pas contribué à rendre nos entreprises très compétitives dans la reconquête économique. Et à cet égard, nous aurions aimé entendre sa voix nous dire que parfois il fallait renoncer à quelques avantages pour ne pas perdre l’essentiel.Des instructions bien plus contraignantes ont été données à la Grèce pour recevoir l’aide du FMI.

Que dire de son passage au FMI ?

Je laisserai de côté les affaires de moeurs (on ne tire pas sur une ambulance disait Françoise Giroud, l’expression est cruelle mais si souvent bien adaptée) et regarderai simplement les actes de type économique. Strauss Kahn prend ses fonction en novembre 2007, à la veille d’une crise économique mondiale issue de l’affaire des subprimes qui devient publique en septembre 2008. L’objectif est d’éviter la banqueroute totale, de soutenir le système bancaire même s’il ne le mérite pas, car sinon ce sont toutes les économies mondiales qui s’écroulent.

Pour l’Europe, se rajoute le problème épineux de la Grèce et de sa dette abyssale. L’Europe a aussi besoin de l’aide du FMI pour gérer ce problème. Le FMI malmené depuis quelques années, retrouve au travers de cette crise une légitimité et un rôle majeur en tant que bailleur de fonds. En tant que Directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn devient le super Chef d’Etat à l’échelle de la planète.

Nous sommes sortis de la phase critique de cette crise financière, nos banques ont été sauvées.  Nos économies bien maltraitées (Grèce, Espagne, Italie, Portugal et la France dans une certaine mesure) se remettent peu à peu et espèrent un taux de croissance enfin positif. Seule la Grèce, malgré ces efforts, ces sacrifices, ne voit pas d’horizon plus lumineux.

On peut alors se poser la question : les bonnes décisions ont elles été prises ou l’ont elles été simplement au profit de certaines économies et au détriment de d’autres ? Quelle fut la part de Dominique Strauss Kahn dans les décisions prises ?  Sa proximité avec Angela Merkel et pour partie avec Nicolas Sarkosy plaide pour une part non négligeable et nous mettrons à leur crédit de nous avoir évité le pire : une crise financière type 1929 et ses conséquences.

Devons nous pour cela tout oublier au profit d’une quête improbable ?

Chacun doit expier ses fautes (notons le parallèle avec la foi dans ce post…) et celles de Dominique Strauss-Kahn sont nombreuses et répétitives. On ne remet pas les clés de la maison à un homme qui ne sait pas tirer les leçons de ses erreurs. C’est une bombe à retardement et je n’ai guère envie d’attendre pieusement le moment de l’explosion en espérant contre toute attente qu’elle me soit épargnée et ce pour essayer d’atteindre l’inaccessible étoile, ce rêve impossible ? La quête

 Crédit photo : Lci.TF1

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