Licenciement à 50 ans / Triple peine

Nombre de Cadres de 50 ans et plus font l’objet de licenciement par leurs employeurs pour des motifs tels que résultats insuffisants, divergence avec la stratégie de l’entreprise, problème dans le management etc….Bref des motifs, assez difficile à prouver et à contester. Généralement, ces personnes sont dans l’entreprise depuis plus de vingt ans, ont été promues régulièrement et souvent peu de temps avant leur licenciement = Première peine.

Ces collaborateurs de haut niveau deviennent ainsi des incapables en quelques mois. Oubliés leurs investissements personnels et professionnels au service de l’entreprise (souvent au détriment de leur famille). Et plus ce licenciement peine à se justifier, plus il est violent. Sans autres préliminaires, sans mise en garde, ils sont convoqués auprès de la DRH et informés que leurs “résultats insuffisants” obligent la Direction à prendre une mesure radicale qu’elle regrette d’ailleurs  (l’hypocrisie n’est pas absente de ce rendez vous), à savoir un licenciement immédiat. Généralement la DRH précise qu’il n’y a pas d’alternative, pas de reclassement sur une autre direction ou une autre fonction, en mot il faut partir sans délais et sans appel. Vous devenez un pestiféré. Bien sur, le préavis sera payé et si le collaborateur accepte les conditions financière proposées, on pourra se mettre d’accord sur le motif afin qu’il soit le moins blessant possible et l’on offrira au salarié un bilan de compétence. Merci Patron.

Pourquoi les directions agissent elles ainsi ? Recruter le remplaçant à un salaire moins élevé, restructurer sans faire appel au plan social, modeler les équipes en fonction d’une nouvelle direction, enfin de nombreuses raisons sans lien direct avec les motifs énoncés.

Le parcours qui suit est rude : Inscription à Pole emploi, rédiger un CV,  le mettre en ligne sur Lindelink, Viadéo, s’inscrire sur l’Apec et puis tous les matins se connecter sur les sites pour visualiser les offres (parfois fausses), répondre, attendre la réponse (parfois elle ne viendra jamais, même négative), aller aux entretiens et essayer le plus naturellement possible d’expliquer pourquoi on n’est plus dans l’entreprise, répondre aux convocations de Pôle Emploi sous peine d’être radié pour des entretiens souvent sans rapport avec son parcours ou ses compétences.

Désespoir, idées noires deviennent des “compagnons” de route que seuls famille et amis aident à combattre pour éviter le pire.

Et pendant ce temps, négocier avec l’employeur les meilleures indemnités. Pour défendre ses intérêts, il faut prendre un avocat ( 360 euros HT l’heure), saisir les Prud’hommes et attendre au moins 18 mois pour une audience. Dans ce combat, l’employeur est gagnant. Il peut attendre et à tout intérêt à faire durer la procédure. Le salarie confronté à des difficultés financières finit par traiter pour des montants inférieurs à ce que le Tribunal des prud’hommes pourrait lui donner.

Une fois l’accord conclu, s’appliquent la double et triple peine. En 2013, François Hollande décide que les indemnités seront désormais soumises à cotisations sociales (salariales et patronales) et en 2014 que la franchise pour l’indemnisation du chômage pourra aller jusqu’à 6 mois. Selon le gouvernement de l’époque, ces mesures devaient contraindre l’employeur à réfléchir avant de licencier. Dommage qu’il connaisse si peu les employeurs. La lecture fut simple. Puisqu’il faut payer des cotisations sociales sur les indemnités > 75 400 euros, eh bien on essaiera d’en donner le moins possible au delà de cette somme, somme qui sera amputée de 3 mois de franchise supplémentaire à l’allocation chômage.

Conclusion, les 50 ans continuent de se faire licencier et sont de moins en moins indemnisés = Deuxième peine.

Mais cela ne s’arrête pas là. Sur les sommes perçue (enfin le peu qu’il reste), il faudra payer de l’impôt au dessus d’un certain plafond = Troisième peine.

Si vous gagné 50 millions d’euros au loto, vous n’êtes pas imposé. Si vous êtes licencié et obtenez des dommages intérêts pour des sommes bien plus faibles, vous serez imposé. Cherchez l’erreur !

Merci Monsieur le Président. Vous avez bien visé mais vous vous êtes trompé de cible. Vous preniez ces mesures quand vous n’aimiez pas les patrons. Qu’en sera t-il demain, maintenant que vous les aimez ?

Crédit photo : Motcomptedouble

1 Comment

  • Allouche Béatrice dit :

    Merci pour cet article qui me touche, Le choc est brutal en effet à l’annonce d’un licenciement où vous n’êtes pas préparé et pourtant il faut rester debout, vivante pour continuer à exister quand votre vie reposait essentiellement sur votre travail. Personne ne vous connaît ou reconnaît après, un Après qui dure le temps d’une procédure, le temps de vous défendre d’une injustice qui vous réveille la nuit pleine de vengeance, pleine d’incompréhension. Le temps passe mais vous savez qu’il vous faudra du temps, avoir confiance en soi pour garder la force de rebondir, les heures sont des semaines et ceux qui vous font patienter sont uniquement vos proches. Je reste confiante, c’est ma devise un an Après…

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