PHOENIX

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Phoenix : nous sommes en juin 1945, Nelly Lenz chanteuse de Jazz déportée à Auschwitz rentre chez elle à Berlin accompagnée de son amie Lene Winter employée à l’Agence Juive chargée d’aider au retour des déportés. Elle est la seule survivante de toute sa famille et hérite d’une importante fortune.

Nelly, visage recouvert de bandelettes a besoin d’une reconstruction faciale suite aux graves brûlures qu’elle a subies. Le chirurgien lui assure pouvoir lui redonner un visage de “star” mais sans pouvoir lui restituer les traits du passé. Nelly exige qu’il fasse le maximum pour retrouver son ancien visage. Elle veut partir à la recherche de son mari et il doit la revoir telle qu’il l’a toujours connue et aimée.

Les projets de Lene divergent. Lene a prévu qu’elles partent toutes les deux s’installer en Israël à Haifa après la convalescence de Nelly. Lene détient une vérité qu’elle souhaite lui épargner. Mais rien ne peut détourner Nelly de son projet. Seul cet amour lui a permis de survivre pendant ces longs mois de déportation et elle veut à nouveau être dans les bras de Johnny.

Nelly retrouve son amour, pianiste au Phoenix, qui lui ne la reconnait pas. Le film c’est le chemin de cette femme pour se faire reconnaître enfin par celui qu’elle l’aime en se réappropriant pas à pas la Nelly du passé mais au prix d’une impitoyable réalité.

L’Avis d’Annie : *****

Phoenix, au delà de cette quête de l’amour, illustre la difficulté des déportés à retrouver leur passé, à communiquer sur ce qu’ils ont vécu et à retrouver la place que l’horreur des camps et l’oubli du temps qui passe leur a enlevée. Nelly demande peu, mais c’est déjà beaucoup trop et contre toute attente, elle devra lutter, se battre pour atteindre son but jusqu’à sa renaissance et enfin être libre de ses choix.

Christian Petzold, le réalisateur, réussit à nous faire partager toute les étapes de la résilience, pas à pas, au rythme de l’héroïne. Nous ressentons sa détresse, sa souffrance, son espoir, sa déception et enfin sa renaissance. Le film nous semble trop court et l’épilogue trop rapide bien que très émouvant, après la lente ascension vers la lumière. Quelques invraisemblances ponctuent la narration, mais la qualité du film nous les font vite oubliées.

Nina Home dans le rôle de Nelly est bouleversante. Son jeu minimaliste d’une profonde intensité contribue à créer ce climat oppressant, à traduire cette quête quasi obsessionnelle jusqu’à la limite de l’incompréhension.

Ronald Zehrfelden en salaud sans scrupule,  réussit malgré tout à donner  à Johnny de l’humanité tant dans sa violence que dans sa fragilité. Il semble illustrer le propos selon lequel tout le monde n’a pas l’étoffe d’un héros.

Nina Kensendhorf est stupéfiante dans le rôle de l’amie présente et dévouée, un roc sur lequel Nelly peut s’appuyer jusqu’au drame aussi imprévisible que brutal. Elle illustre avec talent la difficulté de la confrontation aux horreurs de la guerre et de la déportation.

70 ans après la fin de la guerre,  ce film réussit à traduire une horreur passée sans jamais la montrer, sans jamais en parler directement, simplement par les silences, les non-dits, par les échanges sur ce futur à Haïfa seule issue possible, par les stigmates de ce passé récent que Nelly porte encore et sans doute pour toujours dans sa chair.

Sortie : le 28 janvier 2015

  • Réalisateur : Christian Petzold
  • Acteurs : Nina Home, Ronald Zehrfelden, Nina Kensendhorf
  • Genre : Drame allemand
  • Durée : 1 h 40 mn

Crédit photo : onlike.net

 

1 Comment

  • Mireille Laroche dit :

    Tu me donnes vraiement envie d aller voir ce film.
    De quoi pouvons nous nous plaindre …face à tant d horreurs nous ne pourrons jamais déployer leur énergie et leur soif de vivre et pourquoi alors nous abimer dans des préoccupations sommes toutes médiocres …

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